Quiproquo, ah non en fait, c'était fait exprès [Keana]

C'était devenu plus qu'un besoin. Une nécessité.
Elle savait très bien que se souvenir ne servait à rien. Que la seule chose qu'elle pourrait encore y voir était le reflet d'elle-même. Quelqu'un qu'elle ne voulait pas voir. Elle savait très bien que les souvenirs finissent par s'effacer, s'oublier. Ou pire encore, qu'ils finissent par changer, muter, différer.
Le traumatisme était trop important pour pouvoir compter sur ses souvenirs. Alors oui, même si elle savait très bien qu'ils finiraient par ressurgir, pleins d'amertumes, de rancœurs, et d'accusations, elle voulait les laisser pourrir tant qu'ils ne renvoyaient que son image.
Elle n'avait donc pas pu s'empêcher, cette journée-là, de remarquer les allers-retours de cet homme par delà la fenêtre de la librairie. Tout comme elle n'avait pas pu s'empêcher non plus de noter ses humeurs. Une fois nonchalant, l'autre fois excité. Elle s'était contentée de sourire, attendant patiemment qu'elle puisse s'éclipser.

Elle avait développer une certaine assurance ces derniers jours, depuis la mort de Kilian. Elle allait même jusqu'à présenter certains signes d'un narcissisme qu'elle n'avait jamais soupçonné. Oui, elle était sûre d'elle. Elle savait que de toute façon, elle aurait ce qu'elle voulait.

Dès qu'elle l'avait pu, elle s'en était allée à la poursuite de l'homme. Ses mains dans les poches, elle remontait la rue du marché, sachant pertinemment qu'elle finirait par trouver le moment opportun. Après tout, au fil des jours, elle avait réaliser des prouesses. Sans que personne n'en vienne à se poser de questions. Pourquoi cela commencerait-il maintenant ?

Il marchait. Encore et encore. Elle commençait à se dire que tout ça n'était qu'une perte de temps lorsqu'il entra à l'intérieur du pub. Elle souffla, entrant à son tour. Elle eut juste le temps de voir l'homme s'avancer vers une table déjà presqu'au complet avant de se sentir mal à l'aise. Il y avait beaucoup de gens, peut-être même trop. Elle inspira, se décida à faire abstraction des odeurs d'alcool et de tabac, à ne pas prêter d'attention aux discussions bruyantes. Trop bruyantes. Le bruit rappelait combien le pub était plein. Lui rappelait qu'elle n'avait vraiment plus l'habitude de fréquenter ce genre d'endroit. Pourquoi le ferait-elle encore, d'ailleurs ?
Son courage en main, elle se dirigea vers le comptoir, veillant à ne pas perdre l'homme de vue.

- Une victime. Il faut chercher quelqu'un pour endosser ton rôle, souffla Maya tandis que Lilith se contentait d'une Bièraubeurre.

Elle fit doucement le tour du pub des yeux, en conclut rapidement que rien ne pourrait se faire ici. Elle observa alors les 5 hommes à la table du fond, esquissant un sourire. C'étaient juste des joueurs. L'homme perdait, gagnait. Avec de la chance, il aurait un bon paquet sur lui en ressortant.

Elle dû attendre une bonne heure, décliner poliment plusieurs invitations, et boire quelque verres de plus, pour enfin apercevoir que l'homme se levait. Un petit sourire au coin. - C'est bon, il a sûrement gagné.

- Lilith, s'il te plaît, c'est de l'argent que tu voles là. C'est pas raisonnable.

Elle vida son dernier verre, faisant abstraction de la voix de son frère. Dehors, il devait sûrement y avoir encore du monde. Il suffisait d'attendre qu'il sorte et qu'un gamin passe à côté. - Non, on s'enfout par Merlin ! Fit Maya Regardes-le ! Il est bien trop sûr de lui, arrogant et … Argh. Il est trop heureux : il ne s'apercevra de rien. Pas la peine de courir le risque de passer à côté !

Elle capitula, sortant de la salle peu après l'homme. Elle ne pourrait de toute évidence, aucunement utilisé de diversion autre qu'elle-même. Et puis, une bonne somme de gallions, ça se sent, non ? Il fallait que ça soit assez perturbant pour qu'il en oublie carrément son identité.

Elle attendit qu'il passe à côté d'une bifurcation et ni une ni deux : - Elias ! Elle attrapa le bras de l'inconnu, le tirant dans la petite ruelle adjacente, le plaqua contre le mur et appuya ses lèvres sur les siennes. L'homme se dégagea, elle prit un air totalement paniquée.

- Euh je … Vous n'êtes pas Elias … Je euh … Désolée je croyais vraiment que – Oh par Merlin qu'est-ce que je viens de faire ?

- Ce n'est pas grave, calmez-vous. Elle sourit intérieurement, la bourse s'était déjà glissée dans sa poche arrière – Et un inconnu en plus ! Mais qu'est-ce que je suis -

- Ce n'était qu'un malentendu, commença l'homme. Elle hocha la tête – Votre … Hum … Elias comprendra. Elle s'excusa une dernière fois, l'inconnu se contenta de rire et disparut.

- Alors lui, souffla Maya Il a un cerveau aussi réactif que celui d'un Scroutt à Pétard ! Lilith rit, sa main cherchant la bourse. Elle n'avait pas eut tort, elle était lourde.

- Lilith … Ne refais plus jamais ça ! Non mais imagines ce qui aurait pu t'arriver ! Sauter sur un homme comme ça, non mais tu n'as vraiment rien dans le crâne !